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Les limites

Faut-il en avoir ? Faut-il s’en poser, voire s’en imposer ? Faut-il en poser à l’autre ? Et si on n’en a pas, jusqu’où ça peut aller ? Et si on en a trop, qu’est-ce que cela donne comme possibilités ?…

Voilà, toutes mes questions du moment et bien d’autres !

La vision de mon enfance est une enfance stricte où les limites étaient grandes et les possibilités peu présentes. L’adolescence a été pour moi un moment de rébellion et une grande colère pour pouvoir sortir de ces limites trop petites pour moi…

Alors, j’ai expérimenté dès que j’ai pu. Mais expérimenter avec en fond le rappel constant de ces limites a engendré, chez moi, de grandes critiques personnelles, intérieures et des expérimentations qui sont tombées à l’eau car la peur de sortir de ce cadre était parfois trop présente.

Quelle dualité intérieure ! Une envie folle de sortir de ce cadre trop petit mêlée à la peur d’en sortir et inconsciemment, de ne plus être aimée de mes parents si j’en sors trop…

Aujourd’hui, après de nombreuses expérimentations que j’ai plus ou moins jugées et plus ou moins vécues violemment, je constate qu’il est encore parfois difficile de me poser des limites justes et équilibrées pour moi. Alors pour les autres, vous pensez bien que c’est loin d’être évident ! Surtout face à nos propres enfants…

Aujourd’hui encore, lorsque le cadre, les limites me paraissent trop petits, la colère ressurgit. A la différence qu’aujourd’hui, je suis en capacité de l’écouter, de l’accueillir, de la laisser me traverser et que je ne la déverse plus sur l’extérieur. A mes yeux, l’extérieur est là pour nous permettre de regarder ce qui se passe en nous, ce qui vit en nous pour pouvoir ajuster, trouver notre équilibre du moment et évoluer constamment.

Mais même si je suis plus en capacité de regarder ce qui se vit en moi, il n’en reste pas moins difficile, par moment de respecter un cadre intérieur car la vie nous présente régulièrement des situations pour nous tester « ok, tu t’es fixée ça comme limite alors allons voir où tu en es ? » et paf, tu tombes dans « le piège »:)

C’est là, que pour moi, l’auto-compassion est indispensable car nous faisons du mieux que nous pouvons, avec ce que nous vivons au quotidien, avec de la fatigue, avec des doutes, avec des remises en question, etc.

Alors oui, des limites sont pour moi importantes dans la vie en société. Et pour notre propre intégrité, physique et morale. Mais personnellement, cela peut engendrer beaucoup de jugement personnel car n’oublions pas que nous sommes les pires juges pour nous-même et que si on entendait quelqu’un se dire tout cela, on lui dirait probablement qu’il est trop dur avec lui-même…

Et si on se lâchait la grappe ? Et si on vivait les expériences tout simplement ? Et si on s’autorisait à sortir du cadre ? Qu’est-ce que ça donnerait pour chacun de nous ? Quelles possibilités ?

Sommes-nous là, sur cette terre, pour nous brider ? Pour ma part, le besoin de liberté en grand, celui d’expérimenter aussi et il me semble important de vivre nos rêves, quels qu’ils soient, tant qu’ils sont bons pour nous et nous permettent d’évoluer et donc d’agrandir le cadre, de pousser les limites au fur et à mesure.

Fanny COREAU